Published on May 15, 2024

La plus grande erreur en fermant un chalet n’est pas de mal faire une tâche, mais d’en oublier une seule. Un simple oubli peut causer des milliers de dollars de dégâts.

  • Laisser le chauffage à 5°C n’est pas une assurance contre le gel en cas de panne de courant prolongée, une réalité au Québec.
  • Utiliser le mauvais antigel peut contaminer votre eau potable ; seul l’antigel de plomberie rose est sécuritaire.

Recommandation : Suivez un protocole de fermeture rigoureux et méthodique, du chauffe-eau jusqu’au boyau d’arrosage, sans jamais prendre de raccourcis. La paix d’esprit durant l’hiver n’a pas de prix.

Le premier automne dans votre nouveau chalet a quelque chose de magique. Les couleurs, l’air frais… et cette petite angoisse qui monte : la fermeture. Vous avez probablement entendu toutes sortes de conseils d’amis ou de voisins : “Ah, tu coupes l’eau, tu mets un peu d’antigel et c’est réglé !” ou “Laisse le chauffage au minimum, ça va être correct.” Ces conseils partent d’une bonne intention, mais ils survolent dangereusement la réalité des hivers québécois.

En tant que plombier qui a passé des décennies à réparer les dégâts dans les résidences secondaires, je peux vous le dire : un tuyau qui éclate à cause du gel, ce n’est pas un simple désagrément. C’est un désastre. Des planchers gondolés, des murs à refaire, de la moisissure qui s’installe en silence… la facture grimpe vite, très vite. La clé n’est pas de simplement “vider les tuyaux”, mais de suivre un protocole de prévention où chaque étape a une raison d’être, et où l’on comprend pourquoi on la fait.

Cet article n’est pas une simple liste de tâches. C’est le carnet de notes d’un plombier de campagne. Nous allons passer en revue les erreurs les plus communes et les plus coûteuses que je vois chaque printemps. L’objectif n’est pas de vous faire peur, mais de vous donner la confiance et le savoir-faire pour fermer votre chalet comme un pro, et surtout, pour le retrouver intact au retour des beaux jours. Oubliez les “on-dit” et concentrons-nous sur ce qui fonctionne vraiment quand le thermomètre plonge bien en dessous de zéro.

Pour vous guider à travers ce processus crucial, nous aborderons chaque point névralgique de l’hivernisation de votre plomberie. De la sélection du bon antigel à la procédure exacte pour la remise en service au printemps, chaque étape sera détaillée pour vous assurer une tranquillité d’esprit totale.

Quel type d’antigel utiliser pour les toilettes et siphons (et lequel est toxique) ?

C’est souvent le dernier geste de la fermeture, celui qui est censé tout protéger. Mais attention, tous les antigels ne sont pas égaux. L’erreur fatale est de prendre le premier bidon venu, comme de l’antigel pour voiture. C’est une grave méprise. L’antigel automobile (généralement vert ou bleu) contient de l’éthylène glycol, une substance extrêmement toxique pour les humains et les animaux, et qui peut contaminer durablement votre système d’eau potable et votre fosse septique.

Pour la plomberie d’un chalet, il n’y a qu’un seul choix valable : l’antigel de plomberie, presque toujours de couleur rose. Il est à base de propylène glycol, une substance non toxique et biodégradable conçue spécifiquement pour cet usage. Il n’endommagera ni vos tuyaux en plastique ou en cuivre, ni les joints de caoutchouc de vos appareils. Au Québec, face à nos hivers rigoureux, assurez-vous de choisir un produit adéquat ; la plupart des antigels pour plomberie disponibles au Québec offrent une protection jusqu’à -50°C, ce qui est une sécurité indispensable.

La quantité est aussi importante. Il ne s’agit pas juste de verser une petite lampée. L’objectif est de remplacer l’eau restante dans les coudes des siphons (les fameux “P-traps”) et au fond des cuvettes pour empêcher le gel et la remontée des odeurs d’égout. Un manque d’antigel, et le siphon peut quand même fissurer sous l’effet du gel résiduel.

Plan d’action : l’application correcte de l’antigel de plomberie

  1. Après avoir vidé les tuyaux, versez environ 500 ml (2 tasses) d’antigel de plomberie dans chaque siphon : éviers, lavabos, douche et bain.
  2. N’oubliez pas les appareils : ajoutez un litre au fond de la cuve du lave-vaisselle et de la laveuse pour protéger la pompe.
  3. Pour la toilette, tirez la chasse pour vider le réservoir, puis épongez l’eau restante dans la cuvette. Versez-y ensuite environ un litre d’antigel.
  4. Pensez aux renvois de plancher (drains de sous-sol ou de salle de lavage) et traitez-les également.
  5. Vérifiez une dernière fois que tous les points d’eau stagnante ont été traités avant de fermer la porte pour l’hiver.

Ce geste simple, fait avec le bon produit et en bonne quantité, est votre dernière ligne de défense contre le gel. Ne le négligez jamais.

L’erreur de laisser le chauffage à 5°C en pensant que ça suffit en cas de panne électrique

C’est l’un des débats les plus courants entre propriétaires de chalet : vider complètement la plomberie ou laisser un chauffage minimal, autour de 5 à 7 degrés Celsius ? L’idée de laisser le chauffage peut sembler séduisante. C’est plus simple, plus rapide, et on se dit que ça protège les tuyaux. C’est une fausse bonne idée, et une pari risqué, surtout au Québec.

Le problème fondamental est que cette stratégie repose sur un seul facteur : une alimentation électrique continue. Or, nos hivers sont synonymes de tempêtes de verglas et de pannes de courant qui peuvent durer plusieurs jours. Une fois l’électricité coupée, votre chalet non isolé se refroidit rapidement. En 24 à 48 heures, la température intérieure peut chuter sous le point de congélation, et votre “assurance” s’envole. De plus, il faut considérer le coût. Selon Hydro-Québec, le chauffage représente plus de 50% de la consommation d’électricité d’une résidence, même à basse température, la facture court tout l’hiver.

L’hivernisation complète (la purge de toute la plomberie) est la seule méthode qui vous garantit une protection totale et inconditionnelle, que le courant soit là ou non. C’est la tranquillité d’esprit absolue. Pensez-y comme à une police d’assurance : vous payez une fois (en temps et en effort) pour une couverture complète, plutôt que de payer des primes mensuelles (facture d’électricité) pour une couverture avec une énorme franchise en cas de sinistre (panne de courant).

Le tableau suivant met en perspective le risque financier par rapport à l’effort initial. L’investissement d’une journée de travail ou le coût d’un plombier pour la fermeture est minime comparé aux milliers de dollars de réparations potentielles.

Comparaison des coûts et risques : chauffage minimal vs hivernisation complète
Option Coût approximatif Risque en cas de panne prolongée
Chauffage minimal (5-7°C) 100-150$ / mois Élevé : risque majeur de gel et d’éclatement des tuyaux
Hivernisation professionnelle (unique) 300-500$ (une fois par an) Aucun risque lié au gel de la plomberie

En somme, ne jouez pas à la roulette russe avec la météo québécoise. La seule méthode infaillible est de considérer que votre chalet n’aura pas de chauffage du tout et d’agir en conséquence en purgeant l’intégralité du système.

Pourquoi faut-il déconnecter les boyaux d’arrosage avant le premier gel ?

Voici l’oubli le plus anodin en apparence, et pourtant l’une des causes les plus fréquentes et sournoises de dégâts d’eau majeurs. On pense à tout à l’intérieur, on ferme les valves, on vide les toilettes… et on laisse le boyau d’arrosage vissé sur le robinet extérieur. “Je le ferai plus tard”, se dit-on. Grave erreur.

Le mécanisme de destruction est simple et implacable. Lorsque le boyau reste branché, il emprisonne de l’eau dans le corps du robinet. Avec le premier gel intense, cette eau se transforme en glace et se dilate. La pression est énorme. Mais le robinet ne va pas éclater à l’extérieur, là où vous pourriez le voir. Le point faible se situe à l’intérieur du mur, dans la partie chaude du chalet. La glace pousse sur la tige du robinet et fait fissurer ou éclater le tuyau d’alimentation à l’intérieur même de votre mur. Le drame, c’est que vous ne voyez rien. Tout l’hiver, le tuyau est gelé et la fuite est “scellée” par la glace.

Le cauchemar commence au printemps. Soit vous ouvrez la valve principale et l’eau s’infiltre directement dans le mur, soit la glace fond et l’inondation débute silencieusement. Des semaines peuvent passer avant que vous ne remarquiez l’humidité, les odeurs de moisi ou les taches sur les murs. Le mal est fait. Cette explication est parfaitement résumée par les experts de CAA-Québec.

L’eau emprisonnée dans le robinet extérieur gèle et fait éclater la section du tuyau à l’intérieur du mur chaud du chalet, causant une inondation invisible au début.

– CAA-Québec, Guide de fermeture du chalet

Pour éviter cette catastrophe, la procédure est simple mais doit être faite dans le bon ordre. Premièrement, fermez la valve d’arrêt intérieure qui alimente ce robinet extérieur. Ensuite, retournez dehors et ouvrez le robinet pour laisser s’écouler toute l’eau restante. C’est seulement après cela que vous pouvez dévisser et ranger votre boyau. Laisser le robinet extérieur ouvert pendant l’hiver est une sécurité supplémentaire.

Coupe transversale d'un robinet extérieur montrant la formation de glace et les points de rupture possibles

Comme le montre cette coupe, le danger ne se situe pas à l’extérieur, mais bien à l’intérieur de la structure. Ce simple geste de déconnexion est l’une des étapes les plus rentables de toute votre procédure d’hivernisation. Ne le remettez jamais à plus tard.

Pensez-y comme la première et la dernière chose à faire : le premier gel arrive ? Le boyau doit déjà être rangé dans le shed.

Faut-il vider le chauffe-eau complètement pour l’hiver ou le laisser plein ?

Le chauffe-eau est le cœur de votre système d’eau chaude, un gros réservoir métallique rempli de dizaines de litres d’eau. La question de son hivernisation est cruciale : le vider ou ne pas le vider ? La réponse des professionnels est sans équivoque : si vous coupez le chauffage, vous devez absolument le vider complètement.

Laisser un chauffe-eau plein dans un chalet non chauffé est une bombe à retardement. Si l’eau à l’intérieur gèle, l’expansion de la glace peut déformer, fissurer, voire faire éclater la cuve. Vous vous retrouveriez alors avec un dégât d’eau monumental au printemps et un chauffe-eau bon pour la ferraille. De plus, il existe un autre risque, même si le réservoir ne gèle pas complètement. Au retour de l’électricité, si le niveau d’eau a baissé pour une raison ou une autre (petite fuite, évaporation), les éléments chauffants peuvent se retrouver à l’air libre. Ils vont alors surchauffer et griller instantanément. C’est une réparation coûteuse et évitable.

La procédure de vidange est simple, mais elle doit être faite de manière sécuritaire. La première étape, non négociable, est de couper l’alimentation électrique du chauffe-eau directement au panneau de disjoncteurs. Ne vous fiez pas juste à un interrupteur. Pour un appareil au gaz, fermez la valve d’arrivée de gaz. Ensuite, fermez la valve d’arrivée d’eau froide du réservoir.

Le CAA-Québec recommande de vider le réservoir d’eau chaude une fois l’alimentation électrique coupée, à l’aide d’un boyau branché dans le robinet de purge. C’est la méthode la plus sûre pour prévenir à la fois le gel et les dommages aux éléments. Pour faciliter la vidange, il faut créer un appel d’air en ouvrant un robinet d’eau chaude quelque part dans le chalet, idéalement à l’étage le plus élevé. Sans cet appel d’air, l’eau s’écoulera très lentement, voire pas du tout, à cause de l’effet de succion.

Checklist essentielle pour la vidange sécuritaire du chauffe-eau

  1. Coupez le disjoncteur (breaker) du chauffe-eau au panneau électrique. C’est l’étape la plus importante.
  2. Fermez la valve d’arrivée d’eau froide qui alimente le réservoir.
  3. Branchez un boyau d’arrosage au robinet de purge situé au bas du chauffe-eau et dirigez l’autre extrémité vers un drain ou à l’extérieur.
  4. Ouvrez le robinet de purge, puis ouvrez un robinet d’eau chaude à l’étage pour laisser l’air entrer dans le système.
  5. Laissez l’eau s’écouler complètement. Cela peut prendre du temps. Une fois vide, vous pouvez laisser la valve de purge légèrement ouverte pour l’hiver.

Un chauffe-eau vide est un chauffe-eau en sécurité. C’est aussi simple que ça.

Dans quel ordre remettre l’eau au printemps pour éviter les coups de bélier ?

La fermeture est une chose, mais la réouverture du chalet au printemps est tout aussi critique. Après des mois de dormance, remettre le système d’eau sous pression brutalement est le meilleur moyen de créer des fuites ou de provoquer un “coup de bélier”. Ce phénomène, c’est l’onde de choc créée par l’arrêt soudain de l’eau en mouvement, et il peut endommager les joints et les soudures les plus fragiles de votre tuyauterie. La clé de la remise en service est la douceur et la patience.

Avant même de toucher à la valve principale, faites le tour du chalet. Assurez-vous que tous les robinets sont fermés, y compris le robinet de purge du chauffe-eau. Votre système doit être un circuit fermé avant d’y réintroduire de l’eau. Une fois cette vérification faite, ne vous précipitez pas sur la valve d’arrivée d’eau principale pour l’ouvrir d’un coup sec. C’est là que le danger réside.

La bonne méthode est d’ouvrir la valve principale seulement d’un quart de tour. Vous entendrez l’eau commencer à remplir lentement les tuyaux. Ce remplissage progressif permet à l’air emprisonné dans la tuyauterie de s’échapper en douceur, sans créer de surpression. C’est le moment d’être à l’écoute. Tendez l’oreille pour déceler tout sifflement ou bruit de goutte-à-goutte suspect, qui pourrait indiquer une fuite causée par le gel hivernal.

Main tournant délicatement une valve principale avec un manomètre visible pour contrôler la pression

Une fois les tuyaux remplis (le bruit de l’eau qui court s’arrête), commencez à purger l’air. Allez au robinet le plus bas du chalet (souvent au sous-sol) et ouvrez-le. Laissez l’air crachoter jusqu’à ce qu’un jet d’eau clair et constant apparaisse. Répétez l’opération pour chaque robinet, en allant du plus bas au plus haut. N’oubliez pas les toilettes et la douche. Cette méthode garantit que tout l’air est chassé du système. Ce n’est qu’après cette purge complète que vous pourrez ouvrir complètement la valve principale.

  1. Vérification initiale : Assurez-vous que tous les robinets et purges sont fermés.
  2. Ouverture lente : Ouvrez la valve principale à seulement 1/4 de tour pour remplir le système en douceur.
  3. Purge méthodique : Ouvrez chaque robinet, du plus bas au plus haut, pour chasser l’air jusqu’à obtenir un jet d’eau constant.
  4. Inspection des fuites : Pendant et après la purge, inspectez visuellement tous les joints, valves et tuyaux accessibles à la recherche de la moindre fuite.
  5. Rinçage de l’antigel : Laissez couler l’eau froide à chaque robinet pendant plusieurs minutes pour bien rincer tout l’antigel de plomberie restant.
  6. Remise en service du chauffe-eau : Seulement lorsque le système est entièrement rempli, purgé et sans fuite, vous pouvez remettre le courant au chauffe-eau.

Une ouverture en douceur vous assure une saison sans soucis et préserve la longévité de votre installation de plomberie.

L’erreur de laisser un chalet en héritage à 3 enfants sans règles écrites

On parle souvent de l’héritage financier, mais le legs le plus important pour un chalet, c’est celui du savoir-faire. Laisser un chalet à plusieurs personnes, que ce soit des enfants ou des amis, sans un protocole de fermeture et d’ouverture clair et écrit, c’est la recette garantie pour des oublis, des malentendus et, au final, des chicanes et des factures.

L’hivernisation de la plomberie n’est pas intuitive. Elle repose sur une série d’étapes précises où l’ordre compte. Si une personne pense que “vider les tuyaux” suffit et qu’une autre sait qu’il faut aussi débrancher le boyau, vider le chauffe-eau et mettre de l’antigel, le conflit est inévitable lorsque le premier oubli cause un dégât. Les problèmes les plus courants découlent d’hypothèses : “Je pensais que tu l’avais fait”, “On a toujours fait comme ça”, “Ce n’est pas si important de faire ça”.

La solution est la même que pour la gestion d’une propriété en indivision : une convention écrite. Dans notre cas, il s’agit d’une checklist détaillée et plastifiée, rangée à un endroit précis dans le chalet (près du panneau électrique, par exemple). Cette liste ne doit pas seulement dire “quoi faire”, mais aussi “pourquoi”. Elle sert de guide infaillible pour la personne responsable de la fermeture chaque année. C’est la transmission de la mémoire et de la prudence.

Cette “convention d’entretien” devrait couvrir les points suivants pour éviter les zones grises :

  • La date butoir pour la fermeture (ex: avant le 15 octobre).
  • La liste exacte des étapes d’hivernisation de la plomberie, avec des cases à cocher.
  • L’emplacement de toutes les valves d’arrêt, y compris celles qui sont cachées.
  • Le type et la quantité d’antigel à utiliser.
  • La procédure exacte de remise en service au printemps, pour éviter les coups de bélier.

Considérez cette checklist non pas comme une contrainte, mais comme le véritable gardien de votre chalet et de la paix familiale. C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour sa pérennité.

L’erreur d’outil qui perce votre membrane d’étanchéité en enlevant la glace

On associe souvent l’erreur d’outil aux gros travaux, comme utiliser un pic à glace sur un toit. Mais en plomberie, lors de l’hivernisation, la même logique s’applique : utiliser le mauvais outil ou trop de force peut causer des dommages irréversibles et coûteux. Les composants de plomberie, surtout les plus anciens, sont plus fragiles qu’on ne le pense.

L’erreur la plus commune est d’utiliser une pince multiprise (ou “Channel Lock”) sur une valve ou un raccord en laiton. Ces pinces ont des mâchoires dentelées qui mordent dans le métal mou, l’arrondissant et le déformant. Une fois qu’un écrou est “strippé”, il devient quasi impossible à desserrer ou à resserrer correctement. La prochaine fois que vous essaierez de l’opérer, il fuira. Pour les écrous et les raccords, utilisez toujours une clé à molette (clé anglaise) ou une clé de la bonne taille, qui agrippe les faces plates sans les abîmer.

Une autre erreur fréquente est de forcer une valve récalcitrante. Une valve à bille (avec une poignée qui tourne d’un quart de tour) qui est difficile à tourner est souvent un signe de dépôt de calcaire. La forcer avec une longue barre de fer peut briser la tige interne, rendant la valve inutilisable et bloquée en position ouverte ou fermée. Essayez plutôt de la “cogner” doucement sur le corps avec un marteau pour déloger les sédiments, ou de la manœuvrer délicatement d’avant en arrière. Si elle reste bloquée, il est plus sage de la remplacer.

Enfin, lors de la vidange des tuyaux à l’air comprimé, l’erreur est d’utiliser un compresseur de garage sans régulateur de pression. Envoyer 100 PSI dans une tuyauterie domestique conçue pour 50-60 PSI peut faire sauter les joints les plus faibles, surtout sur de vieilles installations. La purge à l’air doit se faire à basse pression, autour de 20-30 PSI, juste assez pour pousser l’eau dehors sans mettre le système à rude épreuve.

En plomberie comme ailleurs, la douceur et l’outil approprié sont toujours plus efficaces que la force brute. Votre portefeuille vous remerciera.

À retenir

  • Toujours utiliser de l’antigel de plomberie (rose, non toxique) et jamais d’antigel pour voiture.
  • Ne comptez pas sur un chauffage minimal ; une panne de courant est le maillon faible de cette stratégie. La purge complète est la seule garantie.
  • Vider le chauffe-eau est non négociable pour éviter la rupture de la cuve et les dommages aux éléments chauffants.
  • La remise en service au printemps doit être progressive pour éviter les coups de bélier : ouvrez la valve principale d’un quart de tour seulement au début.

Comment léguer votre chalet à vos enfants sans les ruiner en impôts sur le gain en capital ?

Les vrais “impôts” d’un chalet, ce ne sont pas toujours ceux de la succession. Ce sont souvent les factures imprévues et salées qui arrivent au printemps après un hivernage négligé. Une seule erreur, un seul oubli dans le protocole de fermeture, peut se transformer en une “taxe” de plusieurs milliers de dollars en réparations. Penser à la transmission de son chalet, c’est aussi penser à transmettre un bien en bon état, sans vice caché causé par le gel.

Imaginez le coût cumulé des erreurs que nous avons vues. Un robinet extérieur non purgé ? C’est un mur à ouvrir, de la plomberie à refaire, de l’isolation à remplacer, et peut-être même de la décontamination pour moisissures. On parle facilement de 2 000$ à 5 000$. Un chauffe-eau qui éclate ? C’est le coût du remplacement de l’appareil (environ 1 000$ à 2 000$) plus les dégâts d’eau massifs au plancher et aux structures environnantes. La facture peut rapidement atteindre 10 000$ ou plus.

Ces montants sont les véritables “impôts sur le gain en capital” de la négligence. Ils peuvent transformer un héritage de rêve en un fardeau financier et émotionnel. La meilleure façon de léguer un chalet sans ruiner ses héritiers n’est pas seulement une question de planification fiscale, mais aussi de planification technique et de transmission du savoir. Un chalet bien entretenu, avec des procédures claires et éprouvées, a une valeur bien plus grande qu’un chalet laissé à l’abandon, même si sa valeur marchande est élevée.

La valeur de votre investissement ne se mesure pas seulement en dollars, mais aussi en tranquillité d’esprit. En prenant le temps de faire une hivernisation rigoureuse chaque année, vous ne faites pas que protéger vos murs et vos tuyaux ; vous protégez la valeur de votre patrimoine et vous vous assurez que le chalet restera un lieu de joie, et non une source de problèmes, pour les années à venir.

Ne laissez pas un simple oubli saboter des années d’efforts et de souvenirs. Prenez le temps cet automne de suivre chaque étape de ce guide. Votre chalet, et ceux qui en profiteront après vous, vous remercieront au retour des beaux jours.

Written by Isabelle Tremblay, Inspectrice en bâtiment certifiée et ancienne entrepreneure générale, cumulant 20 ans de terrain dans le secteur résidentiel au Québec. Spécialiste de l'enveloppe du bâtiment, de l'isolation et de la rénovation durable adaptée au climat nordique.